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Herbes naturelles pour lutter contre le déclin cognitif

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Les limites des traitements conventionnels encouragent la recherche sur les herbes

La démence est une maladie neurodégénérative qui entraîne des troubles progressifs de la mémoire et de l'apprentissage, des fonctions exécutives et des activités de la vie quotidienne. Plus de 47,5 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde et on dénombre 7,7 millions de nouveaux cas chaque année. Le risque accru de démence vasculaire est associé à l'obésité, à l'hypertension, aux maladies cardiovasculaires et aux accidents vasculaires cérébraux (ou AVC). La démence vasculaire représente 10 à 15 % de tous les cas de démence réunis dans les pays industrialisés et 30 % des cas de démence dans les régions moins développées du monde. C'est aussi la deuxième forme de démence la plus répandue après la maladie d'Alzheimer (MA). Plus de 40 % des cas de démence vasculaire présentent également une pathologie neurodégénérative de la MA. Ceci est le type le plus courant de démence mixte.

Les agents pharmacologiques disponibles comme les inhibiteurs de la cholinestérase et les antagonistes des récepteurs du glutamate sont utiles dans certains cas de MA, mais leur efficacité contre la démence vasculaire est limitée. Il en résulte que de nombreuses personnes atteintes de démence vasculaire utilisent des herbes et d'autres approches complémentaires et alternatives (ACA) comme l'acupuncture, les nutraceutiques, le yoga, le tai chi et la musicothérapie.

De nombreuses herbes médicinales utilisées dans la médecine chinoise ont fait l'objet d'études séparées et avec différentes combinaisons pour leurs effets bénéfiques potentiels sur les symptômes de la MA et de la démence vasculaire. C'est notamment le cas du Ginkgo biloba, de l'Huperzia serrata, du Curcuma longa, du Panax ginseng, du Panax notoginseng, du Bacopa monnieri, de la sauge rouge (Salvia miltiorrhiza), du safran (Crocus sativus) et de la Camellia sinensis. Vous trouverez ci-dessous une analyse concise des études sur les simples médicinales chinoises et les complexes chinois à base d'herbes médicinales qui font l'objet d'études en raison de leurs bienfaits potentiels sur le plan cognitif chez les adultes en bonne santé et les personnes atteintes de démence.

Les simples sont bénéfiques mais ont un pouvoir limité

De récentes découvertes suggèrent que l'extrait de Ginkgo biloba améliore l'apprentissage et la mémoire dans des modèles animaux de démence vasculaire. De vastes études contrôlées avec placebo et des méta-analyses d'études qui répondent à des critères d'inclusion stricts soutiennent le fait que l'extrait de G. biloba ralentit le déclin de la cognition, du fonctionnement et du comportement exécutifs chez les personnes pour lesquelles la MA et la démence vasculaire ont été diagnostiquées. Pami les mécanismes proposés par lesquels le G. biloba améliore la fonction cérébrale provoquant une amélioration de la mémoire et du fonctionnement cognitif, on peut notamment citer la réduction de l'activité des macrophages pro-inflammatoires, l'amélioration de la circulation sanguine, la réduction de l'activité du facteur d'activation des plaquettes (qui réduit le risque d'AVC), la réduction de la production de corticostéroïdes et l'augmentation de la consommation de glucose, l'aide à la prolifération des cellules souches neurales, l'accélération de la plasticité synaptique après une blessure au cerveau et la réduction du cholestérol libre, la réduction de la production protéique précurseur de β-amyloïdes dans le cerveau.

Le Curcuma longa (curcuma) est utilisé depuis des siècles dans les médecines chinoise, hindoue et ayurvédique pour traiter de nombreuses affections médicales comme la pancréatite, l'arthrite, le cancer et les troubles inflammatoires, neurodégénératifs et digestifs. Des études animales et in vitro suggèrent que les bienfaits cognitifs de la curcumine sont basés sur de multiples mécanismes d'action tels que l'inhibition de la peroxydation des lipides, l'élimination des dérivés réactifs de l'oxygène (DRO) et des dérivés réactifs de l'azote, l'inhibition de l'activation du NF-kB et ses actions anti-inflammatoires. La curcumine peut aussi se lier directement aux petits dérivés bêta-amyloïdes pour bloquer l'agrégation et la formation des enchevêtrements neurofibrillaires. Durant un essai clinique randomisé de 24 mois, 36 patients présentant un cas léger à moyennement sérieux de la MA ont reçu de la curcumine (2 et 4 g/jour). Ils ont présenté une amélioration équivalente non significative sur le plan cognitif et de la mémoire par rapport au groupe ayant reçu le placebo. Ces résultats sont peut-être dus en partie à la faible biodisponibilité de la préparation de curcumine utilisée dans l'étude.

Les découvertes dans le cadre d'études sur des animaux suggèrent que les composés bioactifs du Panax ginseng peuvent améliorer la fonction cognitive et la mémoire chez les patients atteints de démence. Les ginsénosides Rg5 réduisent l'activité des peptides β-amyloïdes et de la cholinestérase. Les ginsénosides Rg3 favorisent la dégradation des peptides β-amyloïdes via l'amélioration de l'expression des gènes. Le Panax ginseng peut également faire diminuer la tension artérielle et améliorer la circulation sanguine en augmentant la vasodilatation. Deux essais ouverts de 12 semaines suggèrent que le ginseng pourrait améliorer les facultés cognitives chez les personnes atteintes de la MA. Durant deux essais ouverts récents de petite envergure, des personnes atteintes de la MA ayant reçu des doses de 4,5 et de 9 g/jour de P. ginseng ont constaté une amélioration significative de leurs facultés cognitives et de leur mémoire. Les résultats de deux petits essais contrôlés par placebo suggèrent que le Panax notoginseng améliore l'afflux sanguin vers le cerveau et améliore la mémoire chez les personnes atteintes de démence vasculaire.

Bacopa monnieri (ou bacopa) a des effets neuroprotecteurs et antioxydants, agit comme un destructeur de radicaux libres et peut améliorer l'afflux sanguin vers le cerveau. Cette plante est aussi utilisée largement dans la médecine ayurvédique pour traiter les problèmes de mémoire. Des études sur les bienfaits cognitifs de cette herbe médicinale chez des adultes en bonne santé et chez des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer sont actuellement en cours.

Le safran (Crocus sativus) est utilisé en médecine chinoise comme antidépresseur, antispasmodique et anticatarrhal. Les extraits contenant de la crocine ont des propriétés antioxydantes et antiplaquettaires et il a été démontré qu'ils améliorent l'apprentissage et la mémoire dans les modèles animaux de démence. Au cours d'un essai clinique randomisé en double aveugle sur 22 semaines, des patients atteints de la maladie d'Alzheimer ont été répartis au hasard dans un groupe recevant du safran à raison de 30 mg/jour et dans un autre groupe recevant l'inhibiteur de la cholinestérase donépézil à raison de 10 mg/jour. Des améliorations comparables ont été constatées sur le plan cognitif, mais le safran a été bien mieux toléré. Dans un essai en double aveugle sur 16 semaines portant sur la MA, les patients ayant reçu du safran ont répondu significativement mieux que le groupe ayant reçu le placebo.

Le thé (Camellia sinensis), largement consommé pour améliorer la santé, contient de l'épigallocatéchine-3-gallate (EGCG), qui présente des effets neuroprotecteurs induits par des effets anti-inflammatoires, son rôle de destructeur de radicaux libres et autres. Les personnes qui boivent fréquemment du thé peuvent présenter un risque plus faible de développer la MA. Deux études prospectives ont révélé que la consommation régulière de thé vert chez les personnes âgées est associée à un risque relativement plus faible d'apparition de troubles cognitifs et de démence.

Les résultats des études portant sur les herbes médicinales pour traiter la démence sont limités en raison de la faible quantité de patients étudiés cliniquement, la mauvaise qualité méthodologique et la trop courte durée des études. De plus, les concentrations plasmatiques des constituants bioactifs de nombreuses simples médicinales peuvent être trop faibles pour avoir des effets bénéfiques, ce qui suggère que les améliorations observées sur les facultés cognitives peuvent être liées à des interactions synergiques entre deux ou plusieurs constituants bioactifs. La médecine chinoise et d'autres systèmes de médecine asiatiques utilisent souvent des combinaisons d'herbes médicinales, ce qui peut entraîner des interactions synergiques entre des constituants bioactifs discrets qui peuvent ainsi cibler plus efficacement des maladies aux étiologies complexes comme la MA et la démence vasculaire. Une nouvelle méthode de recherche appelée « Analyse système à système » a récemment été appliquée à l'étude des interactions synergiques complexes dans les formules à base de plantes.

La promesse des formules à base de complexe d'herbes

Seules quelques études ont été réalisées sur des formules complexes à base de plantes pour traiter la démence vasculaire. Bien que certaines études aient fait état de résultats positifs, la portée des résultats est limitée à cause de l'ampleur modeste de l'étude et des faiblesses dans la méthodologie. Un examen systématique réalisé en 2012 sur des études portant sur des formules complexes à base d'herbes médicinales pour le traitement de la démence vasculaire a révélé que la majorité des formules examinées ont provoqué des améliorations beaucoup plus importantes du fonctionnement cognitif que les médicaments utilisés de façon conventionnelle et que le placebo. 4 études dans lesquelles des médicaments à base de plantes médicinales ont été combinés à des médicaments conventionnels ont fait état d'un meilleur fonctionnement cognitif qu'avec les médicaments conventionnels utilisés seuls. Toutefois, la portée de ces résultats est limitée par de sérieuses faiblesses méthodologiques. Une méta-analyse plus récente a porté sur 24 essais cliniques randomisés (tous menés en Chine) sur des personnes ayant été diagnostiquées de démence vasculaire. Dans une analyse en sous-groupe, des traitements complexes à base de plantes médicinales chinoises ont significativement amélioré la fonction cognitive comparativement au piracétam (dans 10 études) et à un placebo (dans 3 études). Les personnes ayant reçu des herbes médicinales ont constaté une meilleure amélioration dans leurs activités de la vie quotidienne comparativement aux personnes traitées avec du piracétam. Toutefois, comme dans les études mentionnées précédemment, la portée des constatations est limitée par des faiblesses méthodologiques.

Les efforts continus pour mettre au point une formule complexe à base d'herbes médicinales contre la démence vasculaire

Depuis plus d'une décennie, en réponse aux défis mentionnés précédemment, l'Académie des sciences médicales chinoises et l'université Western Sydney travaillent en collaboration afin de mettre au point une formulation complexe normalisée à base de plantes pour le traitement de la démence vasculaire. La formule, appelée SLT, contient des préparations standardisées d'extraits de Ginkgo biloba (ou ginkgo), du Panax ginseng (ginseng) et de Crocus sativus (safran).

Le rapport optimal des composés bioactifs et la posologie optimale de la SLT ont été déterminés par une série d'études animales. Des essais précliniques ont démontré une amélioration significative de l'apprentissage et de la mémoire, des marqueurs de la neuropathologie et de l'activité physique. L'activité des antioxydants dans les modèles animaux de démence. Au moment de la rédaction de cet article, de vastes études de phase III sont en cours afin d'établir l'efficacité chez les personnes ayant reçu un diagnostic de démence vasculaire. Les résultats cumulatifs des essais précliniques ont démontré de nombreux avantages cérébrovasculaires de la SLT, notamment une diminution des zones d'ischémie cérébrale focale/de blessure de perfusion, une diminution de l'agrégation plaquettaire et une augmentation de l'activité de destruction des radicaux libres.

Les personnes traitées avec du SLT ou un placebo présentent le même risque d'apparition d'effets secondaires. Au cours d'une modeste ECR d'une semaine, 16 adultes en bonne santé ayant reçu de la SLT ont constaté une amélioration de leur mémoire fonctionnelle. Dans une petite étude de phase II, les personnes ayant reçu un diagnostic potentiel de démence vasculaire et ayant reçu de la SLT ont montré une amélioration significativement plus importante de leur capacités cognitives. Un sous-ensemble a montré une augmentation du débit sanguin dans les régions du cerveau associées au fonctionnement de la mémoire, de l'audition et de la parole. Une deuxième étude de phase II d'une durée de 12 mois portant sur 325 personnes a permis de constater des améliorations cognitives similaires. Les deux études de phase II ont révélé des effets indésirables graves liés à la SLT. Au moment de la rédaction de cet article, deux essais multicentriques de phase III sont en cours. Dans l'attente de la confirmation des résultats de la phase III, la SLT peut apparaître comme un traitement à base d'herbes médicinales fondé sur des données probantes pour traiter la VsD, une maladie neurodégénérative pour laquelle il n'existe actuellement aucun traitement efficace.

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